DÉJAZET Virginie (1798 – 1er décembre 1875)
Cimetière du Père-Lachaise, 81ème division (Paris)
Actrice française
Figure marquante du théâtre français du 19ème siècle, elle est souvent considérée comme l'une des premières grandes actrices de son temps. Pendant cinquante ans, Virginie, inimitable, « eut le rare privilège d’étonner les esprits et d’assujettir les âmes ».
Issue d’une famille modeste, et cadette d’une fratrie de treize enfants, elle débuta comme danseuse à cinq ans dans un petit théâtre élevé dans le jardin de l’ancien couvent des Capucines. Parfois, on lui confiait une ou deux répliques à dire. Son intérêt pour le théâtre venant, elle fit ses débuts, en 1806, au théâtre des Jeunes-Artistes de Jacques Robillon. L’année suivante, ce fut la scène du théâtre du Vaudeville où, malgré son talent, elle restait cantonnée dans de banales figurations.
Ne pouvant déloger les étoiles du moment, elle alla chercher fortune aux Variétés où elle débuta en 1817 avec succès, mais qu’elle quitta quelques mois tard pour Lyon où elle put enfin conquérir une vraie position.
Après un passage à Bordeaux, elle revint à Paris en 1820. Engagée au théâtre du Gymnase, elle y resta sept ans au bout desquels, la première place revint à Jenny Vertpré (1797-1865), bien oubliée depuis. Ce qui ne fut pas le cas de Virginie. La critique louait sa présence charismatique et sa capacité à transmettre des émotions profondes qui captivaient son audience par son jeu intense.
Toutefois, avec le temps, faute de ne pouvoir trouver un engagement dans de bonnes conditions, et lasse d’une vie vagabonde, elle se retira dans une petite maison de plaisance qu’elle possédait en Seine-et-Marne où elle accueillit le jeune Victorien Sardou (1831-1908) en grand mal de reconnaissance. Virginie retourna sur les planches. En 1859, son fils Eugène désirant depuis longtemps prendre la direction d’un Théâtre, elle acheta un petit théâtre sur le boulevard du Temple où s’alignait un grand nombre de théâtres mélodramatiques qui lui valait le nom de « Boulevard du crime ». Pour rouvrir la salle, sous la direction de son fils, elle la renomma Folies-Déjazet. Les premières représentations furent un vrai succès.
Elle donna sa dernière représentation aux Variétés le 28 septembre 1875 et mourut deux mois plus tard.
Actrice dont la réussite inspira de nombreuses comédiennes qui suivirent, pour les femmes dans le théâtre, elle est aussi celle qui défia les conventions sociales et contribua à faire évoluer la perception du rôle des femmes dans le milieu artistique.
Mais si son patronyme reste accroché à notre mémoire, il y a peut-être une autre raison. Lors des grands travaux d’Haussmann, tous les théâtres du fameux boulevard du crime disparurent, sauf un unique rescapé : le Déjazet. De quoi parfaitement satisfaire notre Virginie.
Son corps fut embaumé. Pour éviter l’encombrement dans l’église de la Trinité, la famille fit distribuer des billets d’entrée. Puis, le cortège prit le chemin du cimetière du Père-Lachaise où elle fut inhumée.
Avec elle reposent, entre autres, ses deux enfants :
-son fils, Eugène Déjazet (1819 -1880), né de père non désigné
-sa fille, Hermine Déjazet (1822 -1877), née de sa relation avec Adolphe Charpentier et reconnue qui se voulait chanteuse.
C’est pour eux qu’elle était fière de sa renommée qu’elle voulait sans cesse accroître. Mais c’est aussi par leur faute que le besoin d’argent attrista ses dernières années.
Eugène, aussi égoïste que frivole, tout en l’aimant, considérait sa mère comme son banquier. Musicien adroit mais sans originalité propre, Virginie cédait à tous ses caprices. Après avoir vainement tenter de le placer dans un théâtre de façon pérenne, elle le nomma directeur de son théâtre. C’était beaucoup, c’était même trop ! Administrateur à la gestion d’une élasticité dangereuse, Virginie fut sa première victime. Et elle continua à subvenir aux besoins de son fils puis au ménage de celui-ci.
Exploitée par son fils, c’était pire avec sa fille : « point sotte, mais brutale, dépensière exigeante, Hermine n’appréciait sa mère que comme la poule aux œufs d’or ». D’une liaison avec le baron Frédéric de Bazancourt (1811-1865), elle avait eu trois enfants. A la mort du baron, Virginie dut prendre en charge sa fille et ses petits-enfants. Contrainte à travailler malgré son âge, et à se priver de tout bien-être, Virginie subissait de surcroît la jalousie des deux avides l’un envers l’autre. Mais, si indignes qu’ils fussent, Déjazet aimait ses enfants.
Sources principales :
-Virginie Déjazet – Etude biographique et critique par L.Henry Lecomte (1892)
-Journal La Dépêche du 5 décembre 1875
-http://www.dejazet.com/dejazet-historique/le-seul-theatre-rescape/
COPYRIGHT 2010-2025 - TOUS DROITS RESERVÉS - Ce site est propriétaire exclusif de sa structure, de son contenu textuel et des photos signées MCP. Sauf accord du propriétaire du site, toute reproduction, même partielle, à titre commercial est interdite. Les reproductions à titre privé sont soumises à l’autorisation du propriétaire du site. A défaut, le nom du site et celui de son auteur doivent obligatoirement être mentionnés. Tous les droits des auteurs des œuvres protégées reproduites et communiquées sur ce site sont réservés.